Le Musée Juste pour rire ferme ses portes

«Maman, c'est finiiii...!» Le Musée Juste pour rire du boulevard Saint-Laurent a écrit hier le dernier chapitre de son histoire houleuse. Après 17 ans d'activités, l'institution muséale va fermer définitivement ses portes le 1er janvier. Les échecs successifs de relance et l'absence de rentabilité ont motivé la décision.
La blague a assez duré. Après 17 ans d'existence, le Musée Juste pour rire de Montréal va définitivement fermer ses portes, faute de rentabilité. Les salles de spectacle, le Cabaret et le Studio, installées à la base du bâtiment, sont également touchés par cette décision «définitive» et effective à partir du 1er janvier 2011.Les employés du musée ont été informés hier en matinée de la fermeture par le directeur général de l'endroit, David Heurtel. L'incapacité de la société du boulevard Saint-Laurent à frayer avec la rentabilité, tout comme d'importantes rénovations à effectuer sont les principales raisons invoquées pour justifier cette décision.
«L'argent ne faisait que sortir de ce musée [ouvert en 1993 par Gilbert Rozon pour mettre en valeur et consacrer la chose comique sous toutes ses formes], a indiqué hier au Devoir M. Heurtel. C'est un bâtiment qui coûte une fortune à entretenir et à administrer. Aucun plan de relance ne s'est avéré viable. La décision est difficile, mais il n'y avait pas d'autres choix.» Quinze personnes travaillaient à temps plein ou temps partiel dans cet édifice de 50 000 pieds carrés.
Ultime tentative
La fin de l'aventure comico-muséale intervient plus d'un an après une ultime tentative de sauvetage annoncée en mars 2009 par la nouvelle direction du Musée Juste pour rire, qui songeait alors à convertir l'endroit en centre de création, de recherche, de diffusion et de formation spécialisé en humour. Des rapprochements avaient alors été amorcés avec Second City afin d'ouvrir une succursale montréalaise, en lieu et place du Musée, de ce réputé incubateur culturel né à Chicago dans les années 1950.
Plusieurs millions de dollars étaient toutefois nécessaires pour la rénovation de la façade et de plusieurs composantes internes de l'ancienne Brasserie Eckers pour consommer le mariage. L'absence d'aide de la Ville tout comme du ministère de la Culture aura donc mis fin rapidement au projet, dit-on dans les coulisses du Musée. «Dans le contexte économique de 2009, nous étions dans le pire moment pour une tentative de relance», a résumé M. Heurtel.
En faisant tomber le rideau sur l'institution, Juste pour rire vient donc écrire le dernier chapitre d'une histoire houleuse pour un Musée qui n'a jamais connu le succès escompté par M. Rozon, et ce, malgré les 13,5 millions de dollars injectés par les deux ordres du gouvernement et la Ville pour lui donner vie en 1993. C'est d'ailleurs à contrecoeur, a indiqué une source proche de la direction, que le fondateur du festival de l'humour s'est plié dans les dernières semaines à la décision de fermer le musée prise par le conseil d'administration du groupe dans le cadre d'une restructuration stratégique de ses activités. Il n'a pas été possible de lui parler hier.
Dans le cadre d'une entente renouvelée en 1999, le gouvernement du Québec s'est engagé à rembourser l'hypothèque liée à ce bâtiment jusqu'en 2012, pour un montant de 5,5 millions de dollars. L'avenir de l'immeuble du boulevard Saint-Laurent, techniquement dans les mains d'un organisme à but non lucratif, est incertain. Une vente n'est pas exclue, avec l'accord toutefois du ministère de la Culture et de la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) qui siègent à cet OBNL.