L'église du TSNJ pourrait devenir la «Place de l'orgue»
Après deux ans de travail, un premier projet concret de reconversion de l'église du TSNJ vient d'atterrir sur le bureau de la ministre de la Culture. Un projet dont les détails financiers restent toutefois à éclaircir pour convaincre les divers ordres de gouvernement de lever la menace qui pèse sur l'église et son orgue.
La ministre de la Culture a reçu hier un projet de conversion en bonne et due forme de l'Église du Très-Saint-Nom-de-Jésus (TSNJ) en «Place de l'orgue». Le nouvel équipement culturel abriterait une exposition permanente sur l'histoire des orgues au Québec et servirait à la fois de salle de concert, de site de formation musicale, de lieu de médiation culturelle et d'attrait touristique.Ce premier projet de reconversion de l'Église du TSNJ a été présenté hier midi à la ministre Christine St-Pierre par la députée péquiste d'Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier, au nom du comité de sauvegarde créé il y a deux ans. «Nous allons essayer d'étudier ce projet dans les meilleurs délais», a assuré hier Valérie Rodrigue, l'attachée de presse de la ministre.
Pour le comité de sauvegarde de TSNJ et de son orgue symphonique, cette proposition constitue la énième tentative lancée pour sauver l'édifice et l'instrument de la démolition et du démantèlement annoncés par l'archevêché de Montréal.
L'étude préparatoire évalue pour l'instant à au moins trois millions en 10 ans les investissements nécessaires pour consolider l'édifice, mais un véritable plan d'affaires établira avec précision, d'ici le 1er décembre, les montants requis pour mener à bien la métamorphose du bâtiment. «Ce à quoi nous tenons, c'est que l'église et son orgue soient d'abord accessibles au public», a insisté Robert Cadotte, porte-parole du comité de sauvegarde, qui s'efforce depuis deux ans de trouver une nouvelle vocation à l'ancienne «cathédrale de l'Est».
Convertie en équipement culturel, l'église cumulerait quatre missions en devenant non seulement un diffuseur d'événements culturels, mais un site important de formation musicale, un lieu de médiation culturelle pour le grand public et les groupes scolaires, ainsi qu'un musée dédié à l'histoire des orgues anciens.
L'opus no 600 de la maison Casavant Frères, menacé de démantèlement et de vente, est évidemment au coeur des divers volets de cette proposition, qui suggère de faire de TSNJ un lieu d'enseignement destiné aux étudiants en musique de l'Université de Montréal, de l'Université McGill et du Conservatoire de musique. Depuis la fermeture du bâtiment, les organistes en formation ont perdu l'accès à cet instrument grandiose. «En ce moment, on prive le milieu de l'orgue d'un lieu d'enregistrement et de formation unique au Québec», a soutenu hier Yves Garand, qui souhaite que TSNJ accueille une «académie d'été».
Faire connaître l'orgue de façon ludique
À l'intérieur de l'église, quatre alcôves latérales pourraient accueillir des orgues de factures différentes, alors que le jubé de 200 places servirait de site de médiation culturelle pour le grand public et les écoliers. Le deuxième jubé permettrait à de petits groupes de pénétrer à l'intérieur du majestueux orgue de tribune et de jeter un coup d'oeil à ses 6200 tuyaux, du plus grand bourdon à la plus aiguë des flûtes.
«On a déjà expérimenté avec le hip-hop et l'orgue. Il faut développer de nouveaux publics et faire connaître l'orgue de façon ludique en le sortant de son contexte strictement sacré et religieux», ont soutenu MM. Garand et Cadotte, qui ont déjà tenté l'expérience avec des groupes scolaires.
Le projet de la «Place de l'orgue» comprend aussi un volet touristique pour mieux faire connaître les tableaux de Toussaint Xénophon-Renaud et de Georges Delfosse, ainsi que les bas-reliefs et le maître-hôtel d'Alexandre Carli.
Le projet bénéficie déjà du soutien d'un commanditaire privé pour assurer la tenue de grands concerts, et des pourparlers ont aussi été entrepris avec Patrimoine canadien pour l'obtention d'une subvention fédérale afin de requinquer l'édifice. L'arrondissement d'Hochelaga-Maisonneuve étudie pour sa part la possibilité d'installer une partie de sa bibliothèque (section ado) au sous-sol de l'église.