Chantal Pontbriand pourrait se consacrer entièrement à la direction artistique - Le FIND se transforme complètement

Après deux décennies de services très bien rendus, le Festival international de nouvelle danse (FIND) de Montréal profite de sa dixième édition pour s'imposer une mutation radicale. Le festival crée le Laboratoire international de recherche et de développement de la danse, qui sera désormais chargé de stimuler la création de pointe et de multiplier la diffusion de la danse contemporaine au Québec.

La direction de l'événement résume la transformation en parlant de deux nouveaux grands axes de référence, soit «le laboratoire» d'un côté et «la fête» de l'autre.

Le festival en tant que tel ne disparaît pas. Seulement, l'événement, jusqu'ici bisannuel, sera dorénavant présenté chaque année. Aussi, en plus de cette édition, le laboratoire présentera des spectacles et des événements festifs, hors festivals cependant, toute l'année durant.

Les détails complets de la refonte en profondeur seront dévoilés ce matin à Montréal par le conseil d'administration et l'équipe de direction du festival, réunis autour de Chantal Pontbriand, fondatrice et directrice de l'événement. Selon les informations obtenues par Le Devoir, Mme Pontbriand annoncera alors qu'elle abandonne la direction générale de son événement pour se consacrer à sa direction artistique.

«Cette transformation est devenue nécessaire», a expliqué Chantal Pontbriand, interviewée hier. «Ça tient de l'urgence. Il y a 20 ans, le festival s'est positionné dans une discipline en émergence, qui cherchait à se distinguer de la danse moderne. Pendant une phase de légitimation, il fallait se faire valoir auprès des médias, du public, des instances politiques. Tout cela est acquis. Il faut maintenant aller plus loin.»

Chantal Pontbriand est également fondatrice et directrice de la revue d'arts visuels Parachute, une des seules du genre au Canada à jouir d'une solide réputation à l'étranger. Ses intérêts se concentrent sur les démarches originales à la fine pointe de la création contemporaine.

Sa nouvelle créature, le Laboratoire international de recherche et de développement de la danse, va créer des événements annuels par l'entremise du FIND-Lab. Concrètement, ce centre cherchera à stimuler les productions, l'accueil d'artistes en résidence, la production de films et de vidéos consacrés à la danse contemporaine, l'édition de DVD, l'organisation de conférences et de colloques ainsi que la création d'une banque de données et d'un site Internet. Bref, le FIND-Lab sera un centre de recherche entièrement consacré à la danse contemporaine.

La directrice parle d'un outil pour «explorer les limites de la danse, en repousser les frontières et en élargir le territoire». Ce laboratoire... virtuel n'aura pas de lieu d'ancrage permanent. Les artistes laborantins loueront des locaux en fonction de leurs besoins. Mme Pontbriand souhaite toutefois, à moyen terme, installer le FIND-Lab à demeure.

Le festival, lui, sera donc dorénavant programmé chaque année. On y retrouvera bien sûr des activités générées par le LAB mais encore et toujours la création locale, nationale et internationale. «C'est notre interface entre le local et l'international», précise Mme Pontbriand, qui annoncera aussi ce matin la création du FIND-Plus et du Micro-FIND. Ces deux antennes diffuseront des spectacles et des micro-événements hors festival. La programmation complète de la structure festive sera dévoilée à la fin du mois.

Le laboratoire et ses composantes, y compris le FIND, récupèrent les budgets du festival, soit environ 2,5 millions. La mutation de l'organisme a été préparée de longue date, tout au long de la dernière année. La directrice a avisé le conseil d'administration de ses intentions il y a environ un an. Mme Pontbriand a ensuite consulté de nombreuses personnalités du monde de la danse, tant ici (dont Marie Chouinard) qu'à l'étranger (William Forsythe, par exemple), en plus d'examiner le rôle et l'organisation d'un bon nombre des quelque cent organismes qui soutiennent la danse contemporaine à travers le monde. Une étude de validation

des hypothèses de travail a été commandée à un observateur

indépendant.

«Montréal est devenue une ville très importante en danse contemporaine, une ville comparable à Bruxelles de ce point de vue, conclut la directrice Pontbriand. Montréal demeure extrêmement dynamique, avec un nombre impressionnant de compagnies, une relève forte et une relève de la relève... Le laboratoire veut miser sur ces acquis pour répondre au nouveau contexte local et international, aux besoins des artistes et du public.»

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