La Vénus de Willendorf garde tous ses mystères

Une femme observe la Vénus de Willendorf au Musée d'Histoire Naturelle de Vienne. Ce musée lui consacre, en cette année du centième anniversaire de sa découverte, une exposition particulière. Il s’agit de la première statuette à avoir été tr
Photo: Agence France-Presse (photo) Une femme observe la Vénus de Willendorf au Musée d'Histoire Naturelle de Vienne. Ce musée lui consacre, en cette année du centième anniversaire de sa découverte, une exposition particulière. Il s’agit de la première statuette à avoir été tr
«C'est la première statuette [de cette époque] dont les traits sont aussi détaillés, et c'est aussi la première statuette à avoir été découverte à l'époque sur un chantier archéologique», explique Walpurga Antl-Weiser, responsable de la section Préhistoire du Musée d'histoire naturelle de Vienne.

Ce musée lui consacre, en cette année du centième anniversaire de sa découverte, une exposition particulière jusqu'au 1er février 2009 avec une foule d'objets de la vie courante il y a 25 000 ans.

Taillée dans du calcaire oolithique, cette statuette de couleur ocre se caractérise par une silhouette plutôt rondelette. La tête penchée, sans visage ni pieds mais avec une abondante chevelure bouclée, la Vénus a les mains posées sur ses seins et son ventre proéminents.

«Cette statue est vraiment remarquable, et lorsqu'on observe la manière dont elle a été taillée, la manière dont les muscles et les différentes parties du corps ont été représentés, on se dit que le sculpteur a forcément observé un modèle», précise Mme Antl-Weiser. Selon elle, la sculpture est «le résultat de l'observation parfaite d'un corps humain, mais elle a aussi été arrangée, afin de rendre ses formes plus harmonieuses».

La Vénus de Willendorf demeure dans l'inconscient des visiteurs du Musée d'histoire naturelle de Vienne leur Vénus préférée. «Je crois que beaucoup de visiteurs viennent uniquement au musée pour voir la Vénus», souligne Mme Antl-Weiser.

L'attrait particulier pour cette petite femme viendrait-il des mystères de son origine? Car on ignore toujours s'il s'agissait d'une déesse ou d'une icône qui aurait pu symboliser la supériorité des femmes dans la société préhistorique. «Nous ne pensons pas qu'elle puisse représenter l'image de la femme préhistorique, note Mme Antl-Weiser, car elle représente une femme plutôt âgée, qui a sûrement déjà eu des enfants.»

«D'autre part, nous ne pouvons pas affirmer que les femmes à cette époque jouaient un rôle prédominant et que ces statuettes féminines les honoraient. Car beaucoup d'autres statuettes [de l'époque] représentent des animaux, des hommes-animaux ou des êtres humains asexués», rappelle-t-elle.

Et plutôt que d'évoquer la Vénus comme une déesse, il serait plus sage d'envisager cette statuette comme l'élément d'un rite, d'une croyance qui aurait pu être partagée par plusieurs peuplades il y a plus de 20 000 ans. Les Vénus de Lespugue ou de Kostienski présentent les mêmes caractéristiques que celle de Willendorf. «Elles pourraient donc exprimer une même croyance, qui s'était propagée dans toute l'Europe».

Autre question restée sans réponse: d'où venait-elle exactement? Si d'autres fouilles et d'autres statuettes ont été trouvées à Willendorf, il n'y a aucune trace de la pierre utilisée pour la sculpter.

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