Festival international Nuits d'Afrique - Black Umfolosi : l'espoir a capella

Le type de chant de Black Umfolosi s’apparente à celui des zoulous d’Afrique du Sud, avec certaines nuances dans la présentation.
Photo: Le type de chant de Black Umfolosi s’apparente à celui des zoulous d’Afrique du Sud, avec certaines nuances dans la présentation.

Comme leurs frères du Ladysmith Black Mambazo, ils intègrent fièrement le black dans leur nom. Et ces deux passionnants groupes vocaux partagent en plus une origine commune, puisque la culture ndebele de Black Umfolosi est issue d'un mouvement de population du nord de l'Afrique du Sud au Zimbabwe, provoqué par une révolte contre un leader zoulou au dix-neuvième siècle. À ce lien historique s'ajoute le genre, le mbube, que les deux formations interprètent avec leur propre sensibilité. «Notre type de chant est très proche de celui des Zoulous d'Afrique du Sud, mais les différences transparaissent dans la façon de le présenter, dans les costumes et dans les thématiques que nous abordons», affirme Thomeki Dube, chanteur et porte-parole du groupe.

Demain soir au National, le quintette livrera à l'international, pour la première fois en vingt-six ans, ses formidables polyphonies en mode a cappella. S'il a déjà mis de l'avant le caractère exubérant de ses danses acrobatiques, il donnera cette fois-ci la priorité à la profondeur des timbres de ses voix et à ses harmonies vocales empreintes d'une grande sérénité, fidèles à l'esprit du plus récent disque, Khumula Lami («Talk to Me»), une exaltante démonstration de jeux vocaux entre un chanteur principal qui lance l'appel au choeur ou qui improvise sur la phrase répétitive qu'il lui donne. Tout cela est ponctué de percussions vocales et parfois d'harmonies en quatre parties, de cliquetis, de tapotements et de petits cris.

«Si nos racines proviennent du peuple ndebele, nous intégrons également des techniques de chants de l'Afrique du Sud, de la Zambie, du Malawi et du Swaziland», explique Dube. «Nous chantons ce que nous observons autour de nous, y compris les problèmes humains comme la pauvreté et la guerre civile. Nous ne pouvons toujours tout dire, mais certains messages passent mieux à travers les chants et les danses. Voilà pourquoi nous considérons que notre rôle est très important. Nous voulons transmettre de l'espoir. Il ne s'agit que d'une simple question de temps avant que les choses se replacent au pays.»

Black Umfolosi pense à l'avenir, veut assurer la relève. «Jusqu'au milieu des années 80, l'influence de l'Ouest était très répandue, et les gens avaient perdu leurs traditions de vue. J'avais un rêve, celui de m'assurer que les jeunes les transmettent aux générations suivantes lorsque nous ne serons plus de ce monde. Comme les flots de la rivière Umfolosi qui sont éternels. Pour cela, nous avons créé un centre culturel et une chorale avec les jeunes. Parfois, nous invitons certains d'entre eux à tourner avec nous pour qu'ils se forment à leur rôle d'ambassadeurs de notre culture.»

Demain soir, ils seront cinq à chanter, à danser et à porter ici en Amérique les aspirations de tout un peuple, malgré la rude adversité que l'actualité lui réserve.

Collaborateur du Devoir

- Demain au National, Renseignements: 514-499-923

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