Shibusa Shirazu Orchestra au FEQ - Un tsunami déferle sur Québec

Québec — Trente-huit, ils seront trente-huit sur scène... De la danse butô, du théâtre nô, des marionnettes-dragons, un joyeux groupe accompagné par un pléthorique orchestre déjanté aux sonorités reggae, jazz, funk et ska. Pour sa dernière fin de semaine d'activités, le Festival d'été se prépare à accueillir le tsunami Shibusa Shirazu Orchestra. Les digues tiendront-elles?

Il est largement passé minuit au Japon où l'on joint Daisuke Fuwa, le bassiste et leader de l'imposante formation nipponne qui fait le tour du monde depuis 20 ans. Le Shibusa Shirazu vient de terminer un autre concert-happening et Fuwa est fatigué mais affable. «Nous sommes vraiment heureux de venir au Canada», dit-il en japonais, la seule langue qu'il parle. Force est de constater que cette barrière linguistique et le nombre impressionnant d'interprètes qu'il a dû engager au fil des ans ne l'ont jamais empêché de jouer dans une quinzaine de pays et parmi les plus grands festivals du monde, dont celui de Glastonbury en Angleterre, où ils ont attiré 10 000 personnes... Celui qui se dit inspiré à la fois par les Beatles et Ornette Coleman précise cependant, malgré de nombreux tours du monde, qu'une de ses plus belles rencontres fut celle avec l'orchestre du légendaire Sun Ra. «Quand tu joues avec un des groupes qui t'a le plus influencé, c'est toujours une expérience magnifique!»

Sans tomber dans les délires intergalactiques du légendaire orchestre américain, la musique de Shibusa a ce quelque chose d'apatride et d'éclaté qui nous fait toujours douter de sa provenance. Les influences rock sont là, parfois même très lourdes, mais un peu comme Zappa naguère, le Shibusa propose une musique symphonique à la fois extrêmement travaillée et ludique. «Nous aimons brouiller les pistes, mélanger les genres. Mais une chose est sûre, c'est que notre musique est très accessible quand même, on ne veut pas perdre les gens.» C'est donc à une véritable fête que les spectateurs de Shibusa sont conviés, une musique qui s'incarne toujours dans la danse et les marionnettes géantes.

«Il y a un côté art visuel dans notre musique», précise Daisuke, dont la formation a déjà été invitée à la prestigieuse Documenta de Kassel en Allemagne, une des grandes manifestations internationales d'art contemporain. «Ce qui est vraiment bien à Québec, c'est qu'on va jouer à la fois sur scène et dans la rue, les gens vont pouvoir nous entendre dans des environnements totalement différents. Nous sommes avant tout des "performeurs" et c'est l'essence de notre musique d'être polymorphe et dansante!»

Celui qui dit vouloir un jour enregistrer avec John Zorn s'amène donc ici avec la ferme intention de faire danser les gens de Québec au son d'une musique qu'ils ne connaissent même pas. «Nos disques ne sont pas disponibles au Canada, mais on va en apporter avec nous...» Avec un pedigree comme celui de Shibusa, la mission s'annonce déjà réussie.

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Collaborateur du Devoir

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Shibusa Shirazu Orchestra: Samedi et dimanche 13h, spectacle de rue, Vieux-Québec, samedi 21h30, place d'Youville et dimanche 23h, Théâtre Impérial.

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