Las Ondas Marteles au Festival d'été de Québec - La musique du «petit Gainsbourg cubain»
Sous les boléros, en filigrane derrière des chansons qui sentent le rhum et le cigare, l'histoire du groupe français Las Ondas Marteles semble tout droit sortie d'un très bon roman. Une histoire où le hasard et le voyage permettent des rencontres fortuites, comme celle d'un des fondateurs du groupe, Sébastien Martel, avec celui qu'il appelle affectueusement son «petit Gainsbourg cubain».
Sébastien Martel a dû raconter mille fois l'histoire de Las Ondas Marteles. N'empêche, il semble encore tout étonné de parler de cette aventure, qui commence en 1998 par une rencontre avec Miguel Angel Ruiz, un poète-sculpteur-peintre cubain, la bougie d'allumage des ondes Marteles.Dans de longues soirées bien arrosées, Sébastien découvre la poésie surprenante de Ruiz. «Ce qui était fascinant, c'était la manière dont cet homme, qui n'avait aucune connaissance musicale, réussissait à mettre de la mélodie dans sa poésie. Une poésie à la fois brute et chantante où il raconte un Cuba qu'on ne nous montre pas vraiment à l'extérieur.»
Sébastien, qui est notamment arrangeur pour Alain Chamfort et Camille, se lie très vite d'amitié avec cet homme qu'il admire énormément. Un homme plus grand que nature, un peu comme ces personnages colorés des romans de Pedro Juan Gutierrez. «Miguel, c'était mon petit Gainsbourg cubain, il avait des histoires complètement hallucinantes sur son opposition au régime, la répression dont il a été victime, sur les femmes, sur tout! Comme la plupart des Cubains, il avait aussi une culture générale vraiment très vaste, il me parlait en détail de la région d'où je viens en France, alors qu'il n'était jamais sorti du pays!»
Armé de sa guitare, Sébastien écrit pendant un mois les mélodies que lui dicte Ruiz et il apprend les rudiments du boléro, un style de musique qu'il affectionne particulièrement. «J'ai beaucoup appris sur la manière de jouer avec Miguel, même s'il n'était pas musicien.»
À son retour en France, Sébastien retrouve son frère Nicolas qui, lui, revient du Mexique avec une passion pour... le boléro. Ils décident de monter un petit spectacle, qu'ils donnent dans un restaurant de la butte Montmartre du nom de La Famille. Ça ne s'invente pas. «C'est devenu très vite couru, au début, on jouait simplement pour notre famille, mais la patronne nous a demandé de revenir et on a fini par jouer là cinq mois!»
Des noms connus, parmi lesquels Arthur H, qui habite dans le coin, viennent parfois accompagner le duo Martel. «Puis, on a rencontré une contrebassiste d'origine espagnole, Sarah Murcia, qui connaissait très bien le boléro. Le trio s'est formé tout naturellement, sans rien forcer.» La mort prématurée de Miguel Angel Ruiz à 60 ans donne l'impulsion nécessaire qui fera passer le projet au disque, sur la défunte étiquette Label Bleu. «Sa mort ne m'a pas vraiment surpris, il vivait très intensément et ne se ménageait sur rien. Nous sommes extrêmement redevables à Miguel, c'est quelqu'un qui nous a donné beaucoup, et de pouvoir traverser le monde avec sa poésie, c'est un grand honneur.»
Une aventure qui les mène notamment du réputé Joe's Pub à New York jusqu'au Walt Disney Concert Hall à Los Angeles, en passant par l'Asie. «Nous avons joué il y a trois ans au Festival de jazz de Montréal, on garde un très bon souvenir du Québec, on a très hâte de découvrir la ville, d'ailleurs, il paraît que c'est la fête cet été chez vous... »
Manifestement, Sébastien Martel n'est pas abonné à Paris-Match... Et y a-t-il une vie après les boléros de Miguel Angel Ruiz? «On travaille actuellement sur notre prochain album, un mélange de musique latine et de rockabilly, on devrait pouvoir en présenter quelques morceaux chez vous.» Un mojito avec ça?
***
Collaborateur du Devoir
***
Las Ondas Marteles ce soir à 17h30 au Carré d'Youville, demain soir à 20h à l'Impérial de Québec et jeudi soir à 17h30 au Carré d'Youville.