Guy Debord en images

La filmographie de Guy Debord, que l'on connaît surtout comme philosophe, auteur — de La Société du spectacle — et porte-voix des situationnistes, fait l'objet d'une rétrospective inédite à Québec. À Montréal, c'est le Cinéma Parallèle du complexe Ex-Centris qui accueillera la revue cinématographique en février.

L'organisme Antitube consacre au penseur et critique social français son premier événement de l'année, qui se décline en trois soirées, les 16, 23 et 30 janvier, au Musée de la civilisation. Précurseur du mouvement de mai 68 et féroce détracteur de la société de masse, Guy Debord dénonce la domination de la loi marchande sur la vie, à l'instar du situationnisme qu'il met sur pied à compter de 1958.

Sa cinématographie reste plutôt méconnue parce que longtemps interdite de diffusion (par l'auteur lui-même, en hommage à son ami et producteur Gérard Lebovici assassiné) jusqu'à sa mort, et de facture assez expérimentale.

Le 16 janvier, place à Hurlements en faveur de Sade (1952), qui alterne des séquences d'écran blanc, avec des voix off citant le Code civil ou des romans d'autres auteurs, et des séquences d'écran noir totalement silencieuses — dont la toute dernière, qui dure 24 minutes! Ce premier opus poursuit le travail de destruction des conventions du cinéma, lancé par Gil J. Wolman dans L'Anticoncept. Sa première projection a d'ailleurs fait scandale et a dégénéré en bagarre générale.

Suivront les deux courts métrages Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps (1959) et Critique de la séparation (1961). Ce dernier se présente comme l'«un des plus grands antifilms de tous les temps» et aborde la forme du documentaire. S'y enchevêtrent toutes sortes d'images — pages titres de comic books, photos d'identité, images détournées tirées d'autres films, scènes d'actualité où la jeunesse fomente sa révolte au fond des cafés.

Comme le livre du même nom publié en 1967, le moyen métrage La Société du spectacle (1973) dénonce le triomphe de la valeur sur la vie, et l'art réduit au spectacle. Le film met d'ailleurs en lien des extraits du livre et des séquences d'autres oeuvres cinématographiques. Il est présenté le 23 janvier avec Réfutation de tous les jugements, tant élogieux qu'hostiles, qui ont été jusqu'ici portés sur le film La Société du spectacle.

La critique de la société de consommation se poursuit, de manière plus désinvolte, dans In girum imus nocte et consumimur igni (1978), projeté le 30 janvier avec le téléfilm Guy Debord, son art et son temps, qui date de 1994.

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