Pleins feux sur Les Lucioles

Cinq ans plus tard, Les Lucioles sont toujours bien vivantes et elles reviennent sur leur trajectoire demain, dans le cadre du festival Montréal en lumière, avec une projection publique et le lancement d'un DVD.

Les Lucioles, c'est un collectif de cinéastes engagés qui s'était formé en 2002 lors des manifestations anti-G8 à Ottawa. En cinq ans, le collectif a produit plus de 200 courts métrages de moins de 30 minutes. Ces films, qui ont documenté plusieurs luttes altermondialistes, s'inscrivent dans le «mouvement citoyen». «Nous utilisons plusieurs genres cinématographiques, explique Stéphane Lahoud, cofondateur du collectif. Notre travail voulait d'abord mettre en avant des enjeux sociaux qui nous préoccupaient, mais nous avons aussi produit des films expérimentaux, de l'animation, de la fiction, des clips.»

Au départ, Les Lucioles s'inspiraient des collectifs Luciernagas du Nicaragua et du Guatemala, qui produisaient des films sociopolitiques. «Au Québec, nous nous sommes aussi donné pour mission d'archiver les différentes luttes de citoyens et de les mettre à la disposition de tous, précise Stéphane Lahoud. Parce que les archives, lorsqu'elles existent, sont souvent détenues par les grands médias officiels et ne circulent pas toujours.»

«Notre groupe est né d'une insatisfaction devant le travail des médias, et nous ne croyons pas à l'objectivité absolue, explique Stéphane Lahoud. Mais nous ne prétendons pas que nos films représentent toute la vérité non plus. Nous voulons plutôt montrer d'autres réalités. Nous voulons créer des brèches, susciter des réflexions.»

Ainsi, dans le cadre de l'actuelle campagne électorale provinciale, des membres du collectif préparent une réflexion sur la notion de «vote blanc», les votes de protestation qui ne sont pas comptabilisés dans le résultat électoral, contrairement à ce qui se fait dans d'autres pays.

Le noyau dur des Lucioles est constitué de cinq à dix vidéastes, selon Stéphane Lahoud. Les membres du collectif s'occupent autant de la recherche que de la réalisation, de la production, du montage et de la diffusion des films. Le groupe a déjà produit des vidéos pour le programme Paroles citoyennes de l'ONF. «Depuis cinq ans, nos principales sources de financement ont été les associations étudiantes et l'ONF» précise Stéphane Lahoud.

Les Lucioles avaient également l'habitude d'organiser une fois par mois des projections dans différents lieux publics (cafés, librairies, etc.), en invitant aussi un média alternatif à venir présenter son travail.

Mais demain, l'heure est à la rétrospective. Dans le cadre de sa Nuit blanche, la Cinérobothèque de l'ONF à Montréal présentera à 20h une rétrospective de 90 minutes du travail des Lucioles. Le groupe en profitera pour lancer deux DVD doubles. L'un, Rétrolucioles 2002-2007, propose 25 courts métrages du groupe. L'autre, La putain de compile, est une réflexion sur le travail du sexe avec, entre autres, des entrevues avec des travailleuses du sexe. Le groupe a d'ailleurs invité différents médias alternatifs féministes ainsi que des publications de travailleuses du sexe à présenter leurs travaux avant la projection.

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