Tatouer la culture dans l'ADN de Montréal

Montréal peut-il vraiment prétendre au titre de métropole culturelle du XXIe siècle? La Ville, Québec et même Ottawa en rêvent ouvertement à moins d'un an de leur grand sommet culturel. Mais tous devront y investir les efforts nécessaires, au premier chef la Ville elle-même, qui doit impérativement revoir son modèle de gouvernance culturelle, a estimé hier le responsable de la culture au sein du comité exécutif de Montréal, Benoit Labonté.

Celui qui porte aussi le chapeau de maire de l'arrondissement de Ville-Marie croit que la Ville doit repositionner la culture à l'intérieur du périmètre montréalais. «Ce qu'il faut, c'est considérer la culture comme faisant partie de l'ADN de Montréal», a dit M. Labonté à l'occasion d'un déjeuner-causerie organisé hier par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

En la matière, Montréal a beaucoup de rattrapage à faire, a convenu la présidente et chef de la direction de la CCMM, Isabelle Hudon. Il faut cesser de voir la culture «comme un silo» pour en faire un secteur «transversal», a-t-elle dit. «Arrêtons de "culturaliser" le discours, il faut le "montréaliser", parce que la culture sert et dessert toute la population, qu'elle soit corporative ou citoyenne.»

Dans son budget déposé mercredi, l'administration Tremblay-Zampino a fait un geste dans ce sens. En accordant un montant de 55 millions sur quatre ans au développement du Quartier des spectacles, la Ville s'est en effet positionnée clairement en faveur de la culture, croit M. Labonté. «C'est un signe que les réflexes commencent à rentrer. Ça, c'est transversal, on joue dans tous les secteurs de la Ville.»

Mais il faudra aussi que les mentalités changent. Au Québec, les dons privés en culture sont rares, à raison de 13 % contre 20 % dans le reste du Canada. Ce retard, il faudra le transformer en potentiel, a dit le président de Culture Montréal, Simon Brault. «Il faut développer une culture du don au Québec et ça, ça prend une génération à construire.»

Cela dit, Simon Brault estime que Montréal mérite déjà son titre de métropole culturelle internationale. «Dans les études faites en Europe sur les métropoles culturelles, un des critères les plus importants, c'est la quantité de réseaux artistiques qui émanent et pour lesquels une ville donnée est un point nodal.» Selon lui, Montréal est de cette étoffe mais doit apprendre à en préserver les qualités. «On a beaucoup de potentiel à Montréal, mais si on ne réagit pas, on risque de carrément perdre notre statut de métropole culturelle.»

Ce dernier s'est toutefois dit encouragé de voir se multiplier les relations entre les gens d'affaires et les créateurs, comme en faisaient foi hier les lauréats des prix Arts-Affaires de Montréal 2006, donnés conjointement par la CCMM et le Conseil des arts de Montréal. Dans la catégorie «Grande entreprise», Quebecor inc. a été récompensé pour ses contributions à la Journée des musées montréalais, à la Société pour l'avancement de la chanson d'expression française et au théâtre du Rideau vert, mais aussi à une foule d'autres événements culturels.

Le travail de la Caisse populaire Desjardins du Mont-Royal auprès de Laboratoire nouveaux médias d'OBORO lui a valu un prix dans la catégorie PME, tandis qu'Alvin Cramer Segal a été récompensé dans la catégorie «Personnalité Arts-Affaires» pour son soutien au Centre des arts Saidye Bronfman. Enfin, une mention d'excellence a été accordée au cabinet d'avocats Fasken Martineau pour sa «contribution exemplaire» au Quartier éphémère.

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