Petit musée de l'horreur

Nom: Marie Chauvet. Crime: adultère. Sentence: fouet à tous les carrefours de Québec, puis enfermement jusqu'à ce que son mari accepte de la reprendre. C'était en 1669. Autres temps, autres moeurs judiciaires, comme en témoigne l'exposition La justice en Nouvelle-France: crimes et châtiments, qui transforme deux salles du château Ramezay en petit musée de l'horreur jusqu'au 25 mars.

D'autres figures criminelles, par exemple le duelliste François Blanche, condamné à la pendaison, ou le profanateur François-Charles Havard de Beaufort, astreint à l'amende honorable, au fouet et à trois ans de galère, sont ainsi mises en vedette pour rendre compte de la nature de la criminalité et du droit à l'époque.

Le parcours porte d'abord un (trop?) bref regard sur les fondements de ce droit, fruit du croisement entre les traditions du droit coutumier français et de la common law britannique. Mais à l'époque de la Nouvelle-France, c'est le droit pénal français, instauré en 1667 par Louis XIV avec la Coutume de Paris, qui régit la criminalité. Les suspects sont présumés coupables jusqu'à preuve du contraire, un usage que le système pénal anglo-saxon renversera.

Les prisons ne servent donc que de lieux de passage jusqu'à ce que le verdict tombe: la pendaison, la flétrissure, le bannissement ou le fouet attendent alors les criminels. Le Québec a donc eu ses bourreaux — 14 pour tout le Canada entre 1690 et 1745 —, dont le plus célèbre, Jean Rattier, a dû appliquer le carcan et le fouet à sa propre femme, coupable de vol. Les écrits originaux des sentences, tirés des registres de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ainsi que des gravures accompagnent les textes de

l'exposition.

Celle-ci s'attarde toutefois surtout aux crimes et sentences les plus courants aux XVIIe et XVIIIe siècles. On y apprend notamment que la pendaison est la forme de mise à mort la plus répandue et que la roue, qui consiste à briser les jointures du corps du coupable, attaché ensuite à une roue, constitue la plus cruelle. On constate aussi que les sentences varient non seulement selon la nature du crime mais aussi selon le sexe des criminels et leur statut social. Ainsi, la femme adultère est bannie, ce qui correspond ni plus ni moins à la mort sociale, tandis que l'homme séducteur doit éduquer l'enfant qui naît de ses fausses promesses de mariage. Le viol d'une femme est considéré comme un crime contre la propriété puisque la femme «appartenait» à l'homme.

Le sensationnalisme n'est pas l'apanage de notre modernité puisque, à l'époque, on misait justement sur des exemples-chocs pour inspirer la peur et prévenir le crime dans une société où la traque des coupables s'avérait difficile.

Un exemple de procès qui a fait jaser? Celui de Marie-Josèphe Angélique, accusée d'avoir déclenché l'incendie de l'Hôtel-Dieu, qui a ravagé Montréal en 1734. Était-elle vraiment coupable? Dans une exposition du Centre d'histoire de Montréal, jumelée à celle du château Ramezay, les visiteurs peuvent mener leur propre enquête...

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