Musées montréalais - Dans la communauté
L'Écomusée du fier monde, c'est le miroir du quartier Centre-Sud, son histoire et son présent, ses grandeurs et ses misères. Un écomusée, c'est une forme muséale qui s'inscrit dans l'éclatement des composantes traditionnelles des musées. L'édifice du musée, c'est un territoire; sa collection, c'est l'ensemble du patrimoine qui se trouve sur ce territoire et les visiteurs, ce sont toutes les personnes qui traversent le territoire en question.
Depuis 1980, l'Écomusée du fier monde s'emploie à la mise en valeur du patrimoine du quartier Centre-Sud de Montréal et son champ d'intérêt est formé par la triade travail, industrie, culture. En effet, grandement influencé par la révolution industrielle, ce quartier a une âme d'ouvrier. En plus de présenter des expositions qui racontent la vie et l'histoire du quartier Centre-Sud, l'Écomusée oeuvre dans la communauté en s'impliquant dans différents projets et en établissant de nombreux partenariats avec des organismes populaires.En 1996, l'Écomusée emménage au Bain Généreux, un ancien bain public qui date de 1927. Le musée reçoit la même année un prix Orange de Sauvons Montréal pour la qualité de la rénovation et de la préservation du patrimoine de l'ancien bain.
L'exposition permanente du musée, À coeur de jour. Grandeurs et misères d'un quartier populaire, est un panorama d'un quartier ouvrier, des années 1930 à aujourd'hui. On peut y voir des photos du travail en usine, la vie quotidienne dans le quartier, le travail des femmes à la maison, etc. L'exposition se poursuit par les luttes citoyennes, la montée des groupes populaires, les revendications.
En dernier lieu, on contemple une sculpture «d'un homme à tout faire, qui symbolise le travailleur d'aujourd'hui», déclare le directeur du musée, René Binette. Pour réaliser l'exposition, l'Écomusée a fait appel aux artistes du quartier. «C'est sur un mode impressionniste, c'est très inventif comme façon de présenter les choses. En fait, ce n'est pas du tout sur un mode didactique traditionnel», souligne M. Binette.
À compter du 16 octobre, l'Écomusée présentera l'exposition temporaire Une pinte d'histoire, le lait à Montréal, qui racontera l'évolution du lait en milieu urbain. «On va aborder la question de l'éclatement d'un produit de consommation, du lien entre le lait et la culture urbaine», mentionne le directeur du musée.
Site Internet: www.ecomusée.qc.ca
G. O.-D.
Pointe-à-Callière
Archéologie et histoire de Montréal
«Notre nouveau défi pour les dix prochaines années est d'agrandir le musée et de l'élever à un calibre international», confie Francine Lelièvre, directrice générale du musée.
Le musée de la Pointe-à-Callière a vu le jour il y a dix ans, dans le cadre du 350e anniversaire de la ville de Montréal. Sa mission est divisée en deux volets: conserver et mettre en valeur le patrimoine archéologique et historique de la ville et faire aimer le Montréal d'hier et d'aujourd'hui aux Montréalais afin qu'ils l'enrichissent dans le futur. Le musée tente aussi de créer des liens avec les réseaux régionaux, nationaux et internationaux et de favoriser les échanges entre anciens et nouveaux arrivants.
Autour du thème Montréal, carrefour d'échanges et de commerce, six expositions permanentes sont présentées: spectacle multimédia Si Pointe-à-Callière m'était conté, vestiges archéologiques de six siècles d'occupation des lieux du sous-sol d'Éperon et de la crypte archéologique, l'histoire de la première douane de Montréal et des influences qui ont façonné Montréal, et la station de pompage Youville.
«De par sa masse critique d'expositions permanentes fortes, nous avions peur que les gens ne reviennent pas au musée. Or, nous avons une croissance de visiteurs à chaque année. Plutôt que de visiter le musée, les Montréalais le fréquentent; c'est notre plus grande fierté après dix ans d'histoire.»
À chaque année, le musée présente un minimum de deux expositions temporaires. Jusqu'au 27 octobre, la Pointe-à-Callière invite les Montréalais à découvrir le boulevard Saint-Laurent, aussi appelé la Main. Le boulevard hétéroclite est raconté «à travers les individus et les diverses communautés ethniques qui y ont habité, travaillé ou festoyé depuis les 150 dernières années». Une exposition sur l'or prendra la relève dès novembre. Trois cents pièces d'or de Varna en Bulgarie, où les premières pièces ont été trouvées il y a plus de 6000 ans, seront exposées.
Pour son dixième anniversaire, le musée de la Pointe-à-Callière renouvelle la mise en valeur des vestiges archéologiques sous le titre Ici renaît Montréal, une exposition qui sera ouverte au public en 2003. Les espaces sis dans l'ancienne douane connaîtront eux aussi un réaménagement.
J. N.
Lieu historique national du Commerce-de-la-Fourrure-à-Lachine
Chapeaux de castor et mocassins
Quelle était la plus grande richesse du Canada au XVIIIe siècle? La fourrure, bien sûr! Castors, rats musqués et ratons laveurs canadiens ont attiré les Européens de l'époque désireux de parer leurs manteaux des plus belles fourrures et de confectionner d'imposants chapeaux de castor. La présence de ce «pétrole» poilu sur le territoire canadien a joué un rôle primordial dans notre histoire, particulièrement dans le développement économique de Montréal.
Pour commémorer l'influence du lucratif commerce des fourrures entre 1775 et 1825 sur la région montréalaise, Parcs Canada fonde en 1984 le Lieu historique national du Commerce-de-la-Fourrure-à-Lachine. Pourquoi Lachine? «Parce que Lachine, c'était le point de départ vers l'intérieur du continent, vers les Grands Lacs. C'était une position stratégique sur la route des fourrures», explique Jean Letendre, interprète principal du musée.
Le bâtiment qui accueille l'exposition — un vieux hangar de pierre datant de 1803 — demeure l'unique entrepôt de la région montréalaise associé au commerce de la fourrure des XVIIIe et XIXe siècles. Occupé par la Compagnie du Nord-Ouest, puis par la Compagnie de la Baie d'Hudson, le bâtiment est en soi une pièce de l'exposition.
À l'intérieur, le visiteur se promène entre les ballots de fourrures, qui dégagent une odeur particulière et qui offrent à la main une douce texture. Les principaux personnages reliés au commerce de la fourrure sont présentés: l'Amérindien, pourvoyeur de fourrures; le voyageur, qui pouvait parcourir jusqu'à 4000 km pour acheter les fourrures, et le bourgeois, grand gestionnaire de l'industrie.
On retrouve également les produits qui étaient donnés aux Amérindiens en échange de leurs fourrures dans les postes de traite: fusils, objets de métal, tabac, rhum... «On traite de tous les aspects. C'est une exposition qui est davantage thématique que chronologique, précise M. Letendre. On parle des animaux à fourrure du Canada, de la mode en Europe à cette époque, de la Compagnie du Nord-Ouest et de la Compagnie de la Baie d'Hudson.»
Grands et petits peuvent également admirer un canot de dix mètres construit en écorce de bouleau selon la technique des ancêtres. L'exposition s'adresse principalement aux enfants, mais les adultes peuvent tout aussi bien y trouver leur compte.
Site Internet: www.parcscanada.gc.ca/fourrure
G. O.-D.