Des leaders scientifiques féminines

« On doit faire rayonner le leadership des femmes.
Ça sert littéralement d’inspiration pour les générations à venir. » – Marie Gagné
Photo: Réseau des CCTT « On doit faire rayonner le leadership des femmes.
Ça sert littéralement d’inspiration pour les générations à venir. » – Marie Gagné
Selon les plus récentes statistiques du Réseau des CCTT, 41 % des centres collégiaux de transfert de technologie et de pratiques sociales novatrices (CCTT) sont gérés par des femmes. De plus, la présidence-direction générale du réseau ainsi que la vice-présidence de son conseil d’administration sont également occupées par des femmes, soit Marie Gagné et Nancy Déziel. Discussion avec quatre leaders féminines du réseau.

Pour Marie Gagné, c’est une fierté de constater l’évolution du regroupement, qui compte 59 centres. « Comme réseau d’innovation, il faut montrer l’exemple et être innovant dans toutes nos façons de faire. Le fait d’avoir des femmes à la tête des CCTT, dont certaines sont issues de la diversité, est très important. On doit faire rayonner le leadership des femmes. Ça sert littéralement d’inspiration pour les générations à venir », souligne-t-elle.

« Il y a 14 ans, on était à peine cinq femmes directrices générales [de CCTT], alors quelque part, il fallait établir notre crédibilité. À l’intérieur du réseau, ça allait bien, mais c’est plutôt à l’extérieur. Je me souviens de m’être attaché les cheveux pour ne pas avoir l’air trop féminine, de devoir en faire plus pour prouver ma valeur. Mais je dirais que dans les dix dernières années, ça a beaucoup évolué. Les femmes prennent leur place de plus en plus », affirme la vice-présidente du Réseau des CCTT, Nancy Déziel.

Marie Gagné dit avoir vu l’évolution dans le nombre, mais surtout dans la place des femmes par rapport aux rôles stratégiques sur les comités. « Au-delà du nombre, c’est que les femmes prennent de plus en plus de place dans les discussions, dans le positionnement. Elles présentent des idées différentes. On est plus à l’aise d’avancer de nouvelles idées. »
Photo: Réseau des CCTT Nancy Déziel

Nancy Déziel, femme de plusieurs chapeaux

Nancy Déziel, en plus de ses fonctions de directrice générale du CNETE (le CCTT en électrochimie et technologies environnementales) et de vice-présidente du Réseau, est la présidente de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ) depuis mai dernier. En tout, elle tient un rôle sur 26 cons-eils, comités et commissions depuis de nombreuses années déjà.

« Ce que je trouvais, c’est que quand je parlais, on ne m’écoutait pas. Je ne pense pas que les gens faisaient ça consciemment, mais c’était un défi de faire entendre notre voix. Aujourd’hui, les gens sont plus sensibilisés et il y a une recherche d’inclusion, autant pour les femmes que pour d’autres types de populations sous-représentées. C’est bien que tout le monde ait l’égalité des chances », souligne-t-elle.

Elle demande d’ailleurs aux femmes de se propulser entre elles. « Quand une femme cède sa place, il faut penser à promouvoir une autre femme. Même chose quand il est temps d’accéder à un nouveau poste. Je me fais un devoir, lorsqu’un emploi se libère, de penser à au moins une candidature féminine. Entre nous, on va y arriver! » conclut-elle.
Photo: Réseau des CCTT Zoraide Bentellis

Zoraide Bentellis, femme qui suit ses ambitions

Zoraide Bentellis est active dans le milieu de la recherche appliquée depuis 22 ans. Elle concilie recherche et enseignement et est à la direction de l’ITEGA (le CCTT en emballage et génie alimentaire) depuis trois ans. Scientifique et pédagogue, elle a à cœur la mission des CCTT.

« Ce n’est pas commun de voir une ingénieure dans l’industrie agroalimentaire. Une jeune femme de 24 ans qui arrive, équipée avec ses bottes et son casque de sécurité dans une usine, ce n’est pas si fréquent », souligne-t-elle. Selon elle, il y a tout de même une certaine évolution dans les mentalités depuis les dernières décennies. « Dans les générations précédentes, les femmes à la tête avaient plus de peine à s’intégrer. Dans la nouvelle génération, c’est beaucoup plus spontané. Si je mets une fille cheffe d’équipe sur un projet, les gars embarquent. Cette dualité de genre, je la sens beaucoup moins maintenant que par le passé », affirme Mme Bentellis.

« À titre de directrice, je me conscientise à donner l’exemple. Les femmes ne devraient pas avoir de sacrifice à faire sur ce qu’elles aimeraient accomplir. On doit suivre nos ambitions et nos rêves et se dire qu’on a la capacité intellectuelle et physique de le faire », dit-elle.

« C’est vrai que c’est parfois encore difficile pour les femmes, qu’on doit démontrer triplement notre compétence pour accéder à certains postes de gestion, surtout dans le domaine scientifique. C’est pourquoi il est d’autant plus important d’en parler ouvertement. Ça crée un espace de réflexion. C’est important pour la suite des choses », conclut-elle.
Photo: Réseau des CCTT Claude Maheux-Picard

Claude Maheux-Picard, une femme qui vise l’équilibre et l’équité

Claude Maheux-Picard occupe les fonctions de directrice générale du CTTEI (le CCTT en écologie industrielle) depuis mars 2018, mais elle y œuvre depuis près de 20 ans. Sa conscientisation envers l’environnement a commencé très jeune, alors qu’elle apercevait les gens jeter leurs déchets par la fenêtre de leur voiture. Elle souhaitait faire quelque chose pour régler la situation lorsqu’elle serait plus grande.

Elle a fait son baccalauréat et sa maîtrise en génie, puis un microprogramme en vérification environnementale à l’Université de Sherbrooke quelques années plus tard. C’est à ce moment qu’elle a eu l’occasion de joindre le CTTEI, dont les valeurs et les siennes étaient en tous points similaires, pour aider des entreprises à améliorer leurs pratiques et à réduire leur impact environnemental.

Œuvrant maintenant à la direction générale de l’organisation, elle souligne l’importance d’être bien entourée. « L’équipe qu’on a créée avec les années est vraiment engagée et dévouée à ce qu’on fait, c’est stimulant », dit-elle. Selon elle, les femmes doivent prendre leur place. « Il faut le faire correctement, prendre notre place d’égal à égal. D’ailleurs, ce sont des valeurs que j’essaie également de transmettre à mes enfants », souligne Mme Maheux-Picard.

« C’est plate d’être obligé de mettre des quotas pour assurer un équilibre homme-femme dans les entreprises. Ça devrait aller de soi. On a des façons de gérer différentes. L’écoute, la capacité de voir les choses sous un angle différent, l’intérêt à vouloir collaborer, à travailler en équipe, ça nous caractérise. Les femmes ont des forces notables qu’il est important de mettre en lumière », mentionne-t-elle.

L’importance des modèles et des mentores

Toutes les leaders interrogées se font un devoir de faire la promotion des carrières scientifiques auprès des femmes. « Je trouve qu’on n’a pas assez de gens qui envisagent la science comme une carrière, car il y a peu de gens qu’on connaît qui sont des chercheurs en science. Quand on est jeune, on va chez le dentiste, chez le médecin, chez le mécanicien, à l’épicerie. On peut se projeter dans des carrières qu’on côtoie, mais on côtoie peu de monde en science », souligne Nancy Déziel.

« C’est important d’avoir des modèles et d’avoir des femmes qui peuvent nous mentorer sur le chemin à prendre, sur comment on se sent lorsque l’on arrive face à un défi et comment y répondre. Des modèles de femmes qui s’assument, dans des rôles de décision et dans les sciences, c’est important », ajoute Mme Déziel.

Claude Maheux-Picard souligne également cette importance du mentorat pour ouvrir la voie et susciter l’intérêt. « Ça prend de la curiosité. Il faut être capable de gérer le fait que, parfois, on a des frustrations parce que les résultats ne sont pas ce à quoi on s’attendait. Ça prend de la patience, de la rigueur et il faut saisir l’occasion lorsqu’elle se présente pour faire évoluer les pratiques. Imaginez la chance qu’on a d’exercer cette profession. Notre travail a un impact sur la vie des gens, sur la vie des entreprises, autant dans le domaine social que dans le secteur technologique », souligne-t-elle.

Pour Zoraide Bentellis, faire partie du Réseau des CCTT est un gros avantage. « C’est le réseau qui m’a fait sentir que je faisais partie d’un tout et que je n’étais pas seule. Il y avait d’autres exemples de femmes en position de leadership, dont la présidente-directrice générale du réseau. Ça m’a donné des étoiles dans les yeux et je me suis dit : en plus, on est nombreuses. La société québécoise est rendue là! »

Les CCTT sont aussi impliqués au sein des cégeps et collèges du Québec pour organiser des activités permettant de démystifier les débouchés de carrière en science auprès des étudiantes et des étudiants. C’est maintenant l’avenir qui nous dira comment la société va évoluer!

Le Réseau des CCTT – Synchronex a pour mission de maximiser la portée des interventions et la synergie entre ses 59 membres – les centres collégiaux de transfert de technologie et de pratiques sociales novatrices (CCTT) –, les entreprises et les organisations afin de contribuer activement au développement économique et social de toutes les régions du Québec.

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