FIQ: l’avenir sera féministe et inclusif

Les conditions de travail des professionnelles de la santé doivent changer. C’est le mandat confié à Julie Bouchard, nouvelle présidente de la FIQ.

Très déterminée et impatiente d’en découdre avec le gouvernement Legault, Julie Bouchard a été élue en décembre dernier à la présidence de la FIQ pour porter haut et fort la voix de ses 76 000 membres. Infirmière auxiliaire de formation, elle a œuvré au fil de sa carrière dans le milieu hospitalier, en CLSC et en CHSLD, et elle a milité activement pendant plus de 15 ans au sein de la FIQ au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

« En 2022, la conciliation travail-famille est un enjeu très important pour moi comme pour l’ensemble des professionnelles en soins, lance Julie Bouchard. Étant moi-même maman, je comprends très bien tous les défis auxquels sont confrontées les femmes au travail. Parce que nous sommes 90 % de femmes dans le réseau de la santé, nos enjeux spécifiques méritent d’être respectés. Il faut cesser d’exiger que les professionnelles en soins se consacrent uniquement à leur travail et doivent s’astreindre à des journées de travail abusives. Le stéréotype de l’ange gardien, de la femme dévouée qui se sacrifie pour la profession, doit être combattu énergiquement, car les priorités sont en train de changer au sein de notre société. La conciliation entre le travail, la famille et la vie personnelle arrive maintenant au premier rang pour les femmes de ma génération. »

Parce que nous sommes 90 % de femmes dans le réseau de la santé, nos enjeux spécifiques méritent d’être respectés. 

La nouvelle présidente confirme que l’enjeu du féminisme est prioritaire pour la FIQ. « Il y a encore énormément de batailles à livrer. On a tendance à penser que l’égalité hommes-femmes est atteinte, mais ce n’est pas le cas, comme on peut le constater dans les milieux de soins. Les femmes doivent pouvoir exercer leur profession dans un environnement sain et épanouissant, où la charge de travail, raisonnable, ne les rendra pas malades. » Rappelons que les femmes qui œuvrent dans le domaine de la santé sont nombreuses à avoir des enfants et à agir comme proches aidantes, ce qui augmente considérablement leurs responsabilités. Depuis dix ans, leurs conditions de travail se sont dégradées au point de les pousser à quitter le secteur public pour le secteur privé, à abandonner tout simplement la profession ou à prendre une retraite anticipée. « Ce n’est pas comme ça que le réseau de la santé devrait être mené, affirme Julie Bouchard. Au contraire, le gouvernement devrait investir, planifier sa main-d’œuvre, consulter les personnes qui travaillent en première ligne et s’assurer qu’il y a suffisamment de personnel dans l’ensemble des établissements du Québec pour offrir des soins de qualité. »

Mettre un terme à l’omerta

Les principales doléances de la FIQ portent sur la pénurie de main-d’œuvre et la lutte au temps supplémentaire obligatoire, le ratio de professionnelles en soins par rapport aux patients non sécuritaires et les enjeux liés au racisme systémique, à la discrimination et à l’intimidation patronale. C’est sans compter la lutte à l’omerta qui règne dans le milieu et qui muselle les professionnelles en soins. « Nous voulons que celles qui sont témoins ou victimes de racisme, d’actes sexistes ou de dérives en milieu de travail soient soutenues et qu’elles disposent de plateformes pour les dénoncer sans crainte de représailles. Pour que les choses changent, il faut mettre un terme à l’omerta qui perdure dans le réseau de la santé. »

Julie Bouchard souligne par ailleurs que son mouvement syndical a été malmené par le gouvernement de la CAQ depuis le début de la pandémie. « Pour faire face aux contrecoups des arrêtés ministériels imposés à nos membres par le gouvernement, qui suspendent les conventions collectives et les vacances et qui imposent des temps complets sans tenir compte des diverses réalités vécues par les femmes, nous avons plus que jamais besoin d’être solidaires et mobilisées. Nos voix s’élèveront pour barrer la route à l’adoption de mesures qui mettent en péril nos conditions de travail et notre réseau public de santé. »



La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) est une organisation syndicale qui compte près de 76 000 membres infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques œuvrant dans les établissements de santé publics aux quatre coins du Québec. Composée à près de 90 % de femmes, la FIQ adopte depuis toujours une perspective féministe dans la défense des droits de ses membres.

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